"Chut, je suis en train de te tuer!"
Souvenez-vous, il n'y a pas si longtemps il existait une
époque qui a profondément imprégné tout un aspect du cinéma: les héros. Lorsque
j'entends le mot "héros" je ne compte pas ceux que l'on peut définir
par héros sous le prétexte qu'ils aiment les collants ou que leur navette s'est
écrasée sur Terre à leur dépends. Non j'entends par "héros" ceux qui
n'avaient rien demandé et qui n'ont pas eu de choix. Aujourd'hui, au regard des
dernières sorties cinéma, le film d'action se meurt. Le "héros" est
devenu une espèce en voie de disparition. La cause: il n'existe plus de vrai
méchant!
"Je n'ai jamais aimé les mecs en marcel blanc dégueulasse!"
Lorsque John se rend à Los Angeles pour se réconcilier avec
sa femme c'est sans savoir qu'une bande de terroriste vont venir voler les petits
fours et donner naissance à une des plus belles trilogies d'action des années
80/90. Le méchant: Hans Gruber, aka Alan Rickman dans la vraie vie. On se
souviendra toujours de Die Hard et Piège de Cristal.
Le méchant, à l'instar du gentil, ne doit pas être négligé.
Quel que soit le contexte, quelle que soit l'entité représentant le mal et quel
que soit la représentation que souhaite lui donner le réalisateur, chaque
détail se doit de travailler au renforcement de la clef de voute de cette
figure néfaste pour le bien fondé du film.
Ce qui explique un succès international, tel que Rambo First
Blood en 1983, n'est autre que la sublimation d'un état d'âme qui régit tout un
peuple sortant d'un contexte sociaux-politique controversé d'après guerre du
Viêt Nam. John (encore un) Rambo se bât davantage contre une mentalité que
contre un ennemis palpable. Et c'est de là qu'émerge toute une vague de vilains
investis de croisades annihilationistes.
"Tu la veux comment ta barbe? Avec ou sans sang?"
Aussi fous soient-ils: le Joker de Batman par Tim Burton ou
Beverly Mantle de Faux semblant par David Cronenberg ou Alex De Large d'Orange
Mécanique par Stanley Kubrick, aussi imposant: le Terminator de James Cameron,
le requin des Dents de la mer ou Rendall Flagg du Fléau de Stephen King,
psychopathes: Buffalo Bill ou Hannibal
Lecter du Silence des Agneaux de Jonathan Demme, poussés par la haine: le Dark
Vador de George Lucas, possédés: la petite Regan de L'exorciste de William
Friedkin et Freddy de Wes Craven, ou tout bonnement mauvais: Alien de Ridley
Scott... tous sont motivés par des objectifs suprêmes qui nous dépassent.
Puis arrive la régression. Ce moment où le cinéma tourne en boucle, incapable de se renouveler et d'avoir sur autre chose à miser que sur
la circonférence des biceps ou la taille du flingue (l'un allant souvent avec
l'autre). Certains en réchappent comme Billy Loomis de Scream et Wes Craven qui
sauve encore quelques valeurs. Non, aujourd'hui le film d'action ne semble
vouloir miser que sur une figure charismatique de héros pour faire tenir
l'ambition du film. Mais c'est une erreur Messieurs les réalisateurs. Quand
vous ressortez notre John McLane de sa belle retraite pour lui faire reprendre
le Beretta, c'est un blasphème. Les chiffres parlent d'eux même et le public
n'est pas dupe quant à l'arthrose du pauvre Bruce. Idem pour Indiana Jones.
Donnez une suite à E.T. l'extraterrestre et les moquettes seront faisandées.
Personne n'avait demandé à Schindler de faire ce qu'il à fait. C'est la
circonstance et la morale qui l'ont fait agir ainsi. C'est un héros. Pourquoi?
Parce qu'il a affronté le pire mal du 20è siècle. Aujourd'hui quand Liam Neeson
est investi du rôle du gentil bougre chargé de péter la gueule de sales types
qui ont enlevé sa pauvre fille pour la vendre dans un bordel sordide, on se dit
"pourquoi pas". Quant il revient quatre ans plus tard pour (re)sauver
sa pauvre fille et sa femme parce que le père d'un des méchants du premier film
veut se venger, là on dit STOP. Et pourtant ce n'est pas la faute de ce pauvre
Liam qui fait sont boulot remarquablement. Rien à redire sur lui, les courses
poursuites en bagnoles que l'on sait être spectaculaires ou sur la réalisation
d'Olivier Megaton qui fait dans "l'efficace" (Transporteur 3,
Colombiana)... Non, le problème vient de la mise de départ. Un film qui ne
cherche pas à se renouveler et, pire encore, régresse dans une histoire
originairement simpliste.
Taken 2, qui sortira le 3 octobre prochain, n'a même
pas de scénario peaufiné à la hauteur de son personnage principal et pour
cause: il n'y a personne en face de Bryan Mills (Liam) pour lui renvoyer la
balle. Rade Serbedzija, qui joue le rôle du méchant, fait figure d'artéfact usé
par les vents d'un Luc Besson essoufflé. Avec Robert Mark Kamen (Karate Kid,
L'Arme Fatale 3, Le Cinquième Elément, Danny The Dog, Vengeance...), il signe
un scénario qui tiendrait sur trois feuilles de papier toilette un jour de
colique et pense que le seul talent de Liam Neeson suffira. C'est dommage car
le film n'a pas un ensemble mauvais. C'est juste qu'il n'a pas de bon méchant.
et Nolan?
RépondreSupprimerLes méchants de Nolan sont des exceptions, vous faites bien de le souligner. Mais Nolan lui même n'est-il pas une exception?
RépondreSupprimerBien vrai ma couille !
RépondreSupprimerJ'adore cet article. Très interessant!
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