lundi 29 juin 2009

Pleasantville - la pomme de la tentation et des sens


PLEASANTVILLE

de Gary Ross
Avec Tobey Maguire, Jeff Daniels, Joan Allen, Reese Witherspoon...
1998

La ville de Pleasantville est une ville où tout est beau, tout est calme, tout est lisse. Pleasantville est une série des années 50, un modèle Américain sans danger, sans risque où l'on se contente de ce que l'on a sans chercher à voir plus loin. On tourne en rond et finalement on ne cherche jamais à mordre la pomme. La ville de Pleasantville c'est en fin de compte un plateau d'argent charger de vieilles valeures et sans saveur. Mais c'est avant tout une série.

Tobey Maguire et Reese Witherspoon sont David et Jennifer, des jumeaux qui ne se ressemblent pas et qui sont des étrangers l'un pour l'autre. Lui est un adolescent à côté de la plaque, fan de la série Pleasantville par laquelle il se rassure de sa vie de famille chaotique, elle, c'est une bimbo populaire sans fond et méprisante. Un soir, l'un veut suivre sa série toute la nuit, l'autre veut regarder un concert avec son petit ami. Pendant la dispute, la télécommande se casse. Un étrange réparateur, fan inconditionel de la série Pleasantville, arrive et leur offre de quoi remplacer le boitier brisé. Par un étrange phénomène, les jumeaux se retrouvent alors projetés dans le monde en noir et blanc de Pleasantville. La ville est bien réelle et ils sont coincés dans cette sitcom des années 50.

Le travail de Gary Ross dans le film est basé sur une évidente recherche de l'identité : deux personnages plongés au coeur d'une série télé, chacun se cherchant et étant inconscients de leur véritable nature. En transposant à la réalité le concept d'une vie parfaite, Ross cherche à faire réagir les univers entre eux et à provoquer un boulversement de l'équilibre. Alors que David fuit la vérité du chômage, du sida, de la couche d'ozone, du divorse de ses parents, il se retrouve confronté, par cette projection dans Pleasantville, à la recherche de sa propre identité. Jennifer ne veut pas être dans cette ville. Contrainte par la force des choses, elle entend faire à sa manière, aux risques d'amorcer le déséquilibre.

Dans cette vile stérile de toutes émotions, la découverte des sens, de l'amour, du désir charnel, va alors bouleverser la donne. La couleur commence à apparaître. L'art, la musique, le risque, l'échec, tout ça n'existait pas. Et alors que certains s'épanouissent dans leur nouvelle existence, d'autres cherchent à préserver leur équilibre. La question de la confrontation entre nouvelles et anciennes valeurs ne devient alors même plus une affaire de génération mais plus un problème d'existence.

Alors que les jeunes brûlent les livres, symbole de l'ouverture d'esprit, le maire de la ville se pose en porte étendard d'une dictature conformiste. Les décadrages, les contre-plongées tendent à rappeler non sans peine les figures drastiques Nazis que le réalisateur, Gary Ross, nous offre sans hésiter avec un malin plaisir.

On peut trouver le cliché facile, mais l'utilisation de la couleur, d'abord progressive, sur certain détails, puis grandissante et englobante, apporte un soutient à la volonté de Ross d'exprimer une ascension vers la nouveauté, avec ses heurtes et ses batailles puis vers l'acceptation. David, Tobey Maguire, se pose sans conteste en héraut des sens et en leader de cette révolution culturelle qui ne cesse de se propager.

Pourquoi conseillerai-je ce film?
Parce que c'est un véritable moment de cinéma qui sait utiliser les procédés autant techniques que narratifs pour tenir le spectateur en constante haleine. Tobey Maguire est un acteur de talent et la candeur de son personnage, mêlé à la concordance du personnage de Reese Witherspoon, ne dépasse pas outre mesure les limites de la crédibilité. Autre choc, le personnage de Joan Allen qui dans son rôle de mère stéréotypée 50's, découvre les moeurs et les plaisirs de la vie au détriment de la stabilité de son ménage. Son histoire d'amour avec le gérant du café questionne la fixation de la tradition face au renouveau. Le film est un véritable plaisir à regarder encore et encore sans se lasser.

Et si tout était possible? Et si croquer la pomme de la tentation nétait au final pas de si mauvaise augure? Voyer si m'en croyez. N'attendez à demain. Croquez dès aujourd'hui la grosse pomme rouge et juteuse de la vie.

Clément Sautet




3 commentaires:

  1. J'avais adoré ce film. j'ai envie de le revoir maintenant.

    RépondreSupprimer
  2. Ah mais oui, c'est le film en noir et blanc et en couleur. J'en avais entendu parlé mais je n'avais pas vu le film. J'aime bien Tobey maguire, il a un coté espiègle benet qui me plait beaucoup. Et on trouve le film facilement?

    RépondreSupprimer
  3. Oui Marie, le film est toujours en vente à la fnac ou dans les autres points de ventes. Il doit même être en VOD sur certains supports.

    RépondreSupprimer