dimanche 25 avril 2010

Un air de famille: un dîner presque pas parfait

Cédric Klapisch signe en 1996 la réalisation d'Un air de famille et met en scène un vendredi soir pas comme les autres. Chacun s'attaque, chacun se blesse, mais chacun reste profondément de la même famille. par C.S.

Réglés comme des horloges, la famille Ménard se retrouve une fois par semaine pour dîner. Henri tient le bar laissé par son père, Philippe est un cadre d'une grosse entreprise locale, Betty est une grande gueule, Denis le souffre douleur d'Henri et Yolande... juste Yolande femme de Philippe et dans le coin de la pièce Caruso le chien paralysé. La mécanique bien huilée de la famille déraille pour une histoire de femme, un passage à la télé et des personnes qui ne savent pas s'écouter.

Adapté de la pièce de théâtre écrite par Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui en 1994, Un air de famille se déroule dans le cadre du bar "Le père tranquille": un seul lieu d'action pour un maximum de chose à se dire! Parce que le film est vraiment bavard, il fallait la plume de ses deux auteurs. C'est un florilège coloré de répliques tuantes et de répartie cinglante, ponctuant la soirée en jaugeant efficacement dans la personnalité des protagonistes et en distillant progressivement leur source de conflit que le film prend aux tripes pour ne plus les lâcher. On assiste à un débat de famille paralysé, oui comme le chien, par une absence de considération proche du "m'as-tu vu? Moi non plus." C'est par moment perturbant mais l'honnêteté de chacun dans leur propre conception de la vie est finement justifiée. Pour faire simple, une jalousie respective tiraille les trois frères et sœur, le tout sous le regard d'une mère qui sans fioriture ne cache pas son parti pris.



La pression n'est jamais relâchée et chacun s'engouffre dans les brèches laissées pas les autres pour déballer ses bassesses. La mauvaise humeur semble appartenir à la famille Ménard. Aucun ne sait parler sans gueuler. Dessus s'ajoute des rôles secondaires brillants comme Catherine Frot, Yolande la belle sœur, et Jean-Pierre Darroussin, Denis le serveur, qui n'ont pas volé leur récompense à la cérémonie des César en 1997. "Un chien paralysé c'est comme un tapis mais vivant!" est une réplique à inscrire dans le registre des dialogues cultes du cinéma français.

En bref, Un air de famille est un cinéma qui sait hausser le ton sans être malpoli, une mauvaise humeur qui nous enchante et un règlement de compte familial par dialogues interposés. Eclatant!

Les points forts:
- scénario infaillible
- acteurs drôles et justes
- mise en scène astucieuse dans un lieu unique
- des seconds rôles rafraichissants

Les points faibles:
- la couleur des tabourets... pour dire quelque chose

Un air de famille, de Cédric Klapisch (1996) avec Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Jean-Pierre Darroussin



Un air de famille 1996

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