Devil Inside, le scandale avec une caméra

"Normal !"

Il existe des films qui ont l'idée de surfer sur la notoriété d'autres qui, pour le coup, ont véritablement révolutionné tant techniquement que cinématographiquement le septième art.

Lorsque je me rappelle le premier visionnage de L'Exorciste dans mon salon, lumières éteintes et parents partis, je n'avais pas encore conscience de l'exclusivité du moment.

Le frisson à l'état pur. La peur comme jamais je n'ai pu la ressentir depuis... Peut-être aussi ais-je toujours entretenu un intérêt particulier à la démonologie, et qu'au delà le l'aspect biblique de tous les films traitant le sujet, la "possession" m'obsédait.

"On attend toujours le "Jesus me baise" propre à L'Exorciste"

D'autres films ont eu d'autres effets. Si le fond du scénario pêche pour forme, on ne peut retirer au Projet Blair Witch la réussite de son effet sur le spectateur. N'allez pas me faire croire que vous n'avez pas flippé au camping entre potes qui a suivit le visionnage du film! Mais c'était aussi une autre façon de percevoir le cinéma. Un cinéma subjectif, une caméra œil qui pourrait être le votre... En bref: un procédé d'identification palpable.

A côté, Paranormal Activity. Le réalisateur Oren Peli lance en 2006 un projet complètement fou basé sur le buzz autour de présentations de son film faites à des étudiants. La sauce prend tout de suite. Le film est diffusé partout dans le monde fort d'une réputation qui le précède. Le résultat: frisson éphémère, qualité médiocre, oublié dès le lendemain.

"Prout!"

Dans la même veine, sort ce mercredi Devil Inside de William Brent Bell, autrement connu pour son Stay Alive... Bon ok... Vous aurez pu le constater sur les affiches dans le métro ou les abris bus, le film se targue de ne pas recevoir l'avale du Vatican: "Le film que le Vatican ne veut pas que vous voyiez!" et vend une accroche revendiquant une censure sur laquelle le marketing s'est empressé de miser.

Mais pas de soucis à se faire! Le chemin de croix sur les genoux en citant le Notre père ne sera pas de rigueur pour purger vos pêchés de Devil Inside. La campagne publicitaire n'est que poudre aux yeux pour vendre un produit bâclé qui ne peut que jouer la prétention d'avoir reçu un email de l'église ne cautionnant pas l'histoire.

Normal dirons-nous suite au mot "FIN". Si le Vatican cache, et c'est certainement le cas, une faction de prêtres exorciseurs et juge des cas de possession en fonction d'un certain degré d'actes anormaux, ils ont bien raison de ne pas revendiquer Devil Inside. Les théories vont bon train et le film en abuse.

"Manger un crucifix en bois ne facilite pas la digestion!"

On est dans une histoire où une jeune nana cherche à faire exorciser sa maman internée en HP à Rome... Mais il s'avère qu'il faut justifier une véritable possession pour faire appel à l'église. Se rendant dans la ville, elle demande l'aide d'étudiants spécialistes... Et ça part en couille.

Caméra subjective avec comme parti pris de faire un documentaire... Une histoire de transfert de possession entre différents hôtes à grimper aux rideaux... Des acteurs possédés eux mêmes... Des effets vus dans les pires films d'épouvantes ou usés à la corde depuis 30 ans. William Friedkin (L'Exorciste) en référence subliminale sur moult séquences... On ne va pas chercher bien loin au delà du patchwork d'idées piquées un peu partout et c'est bien dommage. Il y avait pourtant tant de bonnes amorces à exploiter qui sont restés au stade du : "Bouh!" "Ah, j'ai eu peur". Et encore je reste sympa sur le concept du démon qu'on s'échange comme un bon rhum.

Alors faut t-il entendre les accroches sur les affiches de Devil Inside pour aller le voir? Faut-il simplement être attiré par le personnage de l'affiche qui n'apparaît que 3 secondes chrono dans le film (je parle de la vieille aveugle) et qui ne sert à rien? Je répondrai par cette affiche:

"En plus, elle n'a rien fait cette pauvre bonne-sœur, à part être aveugle"