"Qui est-ce qui rapporte les croissants?"
Avec les films qui traitent du voyage dans le temps il est
souvent affaires de paradoxes, on peut le dire car ce n'est pas ça qui fera
tomber des mythes. Retour vers le Futur, Time Cop, L'effet Papillon... Sujet
casse-gueule sous forme de fantasmes, y'en a qui ont essayé, ils ont eu des
problèmes. Looper déroge à cette idée. On aime!
L'autre jour, à un déjeuner, j'essaye d'expliquer à une amie
(qui se reconnaîtra je pense) le sujet de Looper. A côté d'elle, une de ses
collègues tente tant bien que mal de me comprendre: "Alors Looper, c'est
l'histoire d'un mec dans un futur proche qui travaille avec des mecs d'un futur
plus lointain grâce à une machine à voyager dans le passé. Le gars en question
est un tueur et il exécute d'autres mecs qu'on lui envoie du futur lointain. Ouai
parce que dans le futur lointain avec le système de traçabilité des individus,
on ne peut pas se débarrasser si facilement d'un collaborateur dérangeant. Alors
on l'envoie dans le passé. Tout ce passe bien pour le tueur du futur proche,
jusqu'au jour où on lui envoie son "lui lointain" à exécuter. Tu me
suis là? Parce que je suis pas certain d'être clair... Freud a écrit le scénar." A côté sa collègue
me fait les yeux ronds. Dans un sens ce n'est pas simple d'expliquer un film
que l'on vient de voir mais qui est aussi compliqué à situer dans l'espace.
"Ca veut dire qu'on va faire un prequel à Die Hard?"
Ensuite je lui parle de la confrontation entre deux acteurs,
Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis, jouant le même personnage, le jeune et
vieux qui se rencontre grâce à la machine à voyager dans le temps. A la lecture
du script, il faut la trouver la ressemblance entre les deux. Solution ?
Maquillage ! Un faux nez, des yeux qui tombent et une introduction aux
prémisses de la perte de cheveux. Joseph fait un parfait Bruce.
Une fois les grandes lignes posées et la crédibilité des
deux acteurs assurées, comme tout spectateur qui se respecte, on se pose la
question: "Où le sujet du voyage dans le temps va pêcher et créer le
paradoxe?" Le scénario ne laisse que peu de doute quant à la crédibilité
du processus temporel. Le jeune doit se tuer vieux et la boucle est bouclée.
En apparté, je parle de paradoxe car lorsque l'on regarde en détails Retour vers le Futur, et surtout le 3, il ne faut pas être Einstein pour capter qu'il est impossible que l'arrière arrière grand-mère de Marty soit le sosie de sa mère, qu'il y a forcément un Delorean en double dans le western (celle avec laquelle Doc est arrivée dans le passé) et que Eastwood n'est pas un nom de pétochard... Bref.
En apparté, je parle de paradoxe car lorsque l'on regarde en détails Retour vers le Futur, et surtout le 3, il ne faut pas être Einstein pour capter qu'il est impossible que l'arrière arrière grand-mère de Marty soit le sosie de sa mère, qu'il y a forcément un Delorean en double dans le western (celle avec laquelle Doc est arrivée dans le passé) et que Eastwood n'est pas un nom de pétochard... Bref.
"Tu vois petit, la calvitie te guette."
S'il ne s'agissait que de cela, Looper tournerait court à
l'action movie de base sans grande révolution. Le réalisateur Rian Johnson, un
habitué de casse-têtes et histoire alambiquées (Breaking Bad, Une arnaque
presque parfaite), ajoute les dimensions humaines et morales aux deux héros qui
vont jouer sur la séparation visible entre deux temporalités mentales propres à
un même personnage. Commence alors la seconde partie du film: une histoire de
vengeance du vieux héros pour changer le futur... A ce stade, je ne peux vraiment pas en dire
plus afin d'éviter le gros spoiler bien gras, mais simplement annoncer que ça
fonctionne, que l'on retrouve le Bruce Willis aussi badass que dans les Die
Hard et qu'un petit clin d'œil à Terminator s'est glissé dans le film.
"Yippie-Kay-Yee Mother Fucker"
Entre science fiction, action, remise en question, morale...
Looper est une réussite dans le sens où il désamorce les paradoxes dues au
concept et propose une fable que l'on sent maîtrisée du début à la fin. L'arrivée
bienvenue d'Emily Blunt introduit la phase surnaturelle à l'histoire qui donne
au film des allures de Shyamalan du temps de sa grande époque. Sans que l'on ne perçoivent le basculement vers ce deuxième enjeu amorcé par le surnaturel,
l'histoire glisse vers sa conclusion avec une fluidité qu'il est rare de
retrouver dans la science fiction contemporaine. C'est ici que Looper marque.
Grâce à un réalisateur qui sait ce qu'il fait. Qui le fait bien et qui ne
laisse jamais sont spectateur sur la touche. Rian Johnson est un homme à suivre
! Le film sort le 31 octobre.
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